ON THE HORIZON

Following our screen paintings, among which some were called Santa Fe, we decided to live on the territory of our paintings. Switching from the cathodic universe to the real world, questioning the systems of representation once again, we intend this time to reinvest the question of the landscape through sculptures: Nuages (Clouds) and new paintings·: Sunsets, Lignes de partage du ciel (The Dividing Line Of The Sky).

The Sunsets speak about colours and the Clouds about forms.

Today the sky is this new screen where come other fleeting and intangible motives, from light towards form, as yesterday in our screen paintings, from picture to light. Our point of view is here interstitiel, as it was before: between the map and the territory (American Series), between the map and the landscape (Mohave Valley).

Back from California in December 2004, we were invited to the synagogue of Delme (a Center of Contemporary Art in France) for an exhibition planed the next summer. We decided to built the exhibition around a first large Sunset in neon, which would come to transform the light of the synagogue. By drawing the plan of this neon, we had in mind the painting of Malevitch (Red Cavalry In Gallop) – in the distance a space of Utopia.

The exhibition gathered some of our existing works (American Series) and others ongoing (Mohave Valley), both about landscape. With one slight difference that the paintings of the desert city maps (American Series) were shown horizontally, on trestles, on the ground floor level - as when they were painted. The Mohave Valley paintings, circular and smaller format, represented aerial views of the Californian desert. The question of the landscape was then tackled according to three points of view and different systems of representation. The exhibition was called Côte à Côte indicating at the same time our position as an artist’s couple, and placing our researches from one ocean to the other (Coast to Coast).

By living in the Southwest, we liked to envisage the landscape not any longer as a trip, from one motel to another, as in our screen paintings, but from a fixed point view, watching the bright variations of the sky, and the clouds in course of formation and deformation. We began by doing watercolors of small format, formed by stripes of colours: each day a sunset. Then we brushed large formats of acrylic paintings. The two first ones allowed us to locate the frame of our research. In fact, one seemed to us ambiguous enough to have the appearance of geometric abstraction, the other, more lyric, seemed too much like a landscape.

It is in the dialectic of these two proposals that we wanted to get involved, being on “le fil du rasoir” (on a razor-edge). We continued this series with a spray gun, giving a barely observable curve to the stripes of colour, using only transparent pigments, painted in glacis without any addition of white.

The Sunsets speak about colours, the Clouds carved in marble, about forms. Both distant of their referent, they leave place in the imagination, and try to approach what could be today a landscape painting. In the catalogue of our exhibition American Series, we recalled works to come: Une zone de partage du ciel (A Zone Of Sky Dividing). Six years later we accomplish this series of paintings: La ligne de partage du ciel (The Dividing Line Of The Sky), having in mind La ligne de partage des eaux (The Dividing Line Of The Water), a sign we saw on a Burgundy freeway, indicating the junction of two canals, one linked to the Atlantic ocean and the other to the Mediterranean Sea. In these paintings we used two slighty different kind of blue, separated by a fuzzy white line close to the center.

On The Horizon, the exhibition at Dunn & Brown Contemporay in Dallas will show these new works. Facing the Sunsets, a serie of watercolors entitled Sun showing a detail taken from a fresco of Fra Angelico in the San Marco monastery in Florence in Italy. These similar and however different watercolors in their intensity recall the photographic process of exposure in the light, the instant when the picture reveals itself.

 

“S'il n'y avait dans l'œil quelque chose du soleil, jamais il ne le verrait”

“ If there was something of the sun in the eye, never it would see it ”

Goethe quoted by Aby Warburg

 

Amj + Ac

2006

 

 

PÉTER LA FORME

À la suite de nos peintures d'écran, dont certaines étaient intitulées Santa Fe, nous avons décidé de vivre sur le territoire de nos peintures. Passant de l'univers cathodique à l'espace qui nous entoure, interrogeant de nouveau les systèmes de représentation, nous entendons réinvestir la question du paysage au travers de sculptures (Nuages) et de nouvelles peintures (Sunsets, Lignes de partage du ciel).

Les sunsets parlent de couleurs et les nuages de formes.

Aujourd’hui le ciel est ce nouvel écran où viennent s’inscrire d’autres motifs fugitifs et impalpables ; de la lumière vers la forme, comme hier dans nos peintures d'écran, de l'image à la lumière. Notre point de vue est ici interstitiel, comme il l'était précédemment·: entre la carte et le territoire (Séries américaines), entre la carte et le paysage (Mohave Valley).

De retour de Californie en décembre 2004, nous avons été invités à la synagogue de Delme pour une exposition prévue l'été suivant. Nous avons décidé de construire l'exposition autour d’un premier grand Sunset en néon, qui viendrait transformer la lumière de la synagogue. En dessinant le projet du néon, nous avions en tête la peinture de Malevitch (La cavalerie rouge au galop) – au loin un espace d'utopie.

L'exposition rassemblait certains de nos travaux existants sur le paysage (Séries américaines) et d’autres en cours (Mohave Valley). À ceci près que les peintures de plans de villes de désert (Séries américaines) étaient montrées à plat, sur des tréteaux, au rez-de-chaussée - comme lors de leur fabrication -, permettant un regard en plongée depuis le niveau supérieur de la synagogue. Les Mohave Valley, circulaires et d’un format plus petit, donnaient à voir à l'étage des vues aériennes, peintes, du désert californien. La question du paysage était alors abordée selon trois points de vue et systèmes de représentation différents. L'exposition s’intitulait Côte à côte, désignant à la fois notre position comme couple d'artistes, et lieu de nos recherches, d'un océan à l’autre.

En nous installant dans le désert américain, nous avons souhaité envisager le paysage non plus par le voyage, de motels en motels, comme dans nos peintures d'écran, mais d'un point fixe en restant à observer les variations lumineuses du ciel, et le passage des nuages. Nous avons commencé par réaliser de nombreuses aquarelles de petit format, formées de bandes de couleurs·: un jour, un sunset. Puis, nous détachant de plus en plus de l'observation, nous avons alors brossé de grandes peintures acryliques. Les deux premières nous ont permis de situer le cadre de notre recherche. En effet, l'une nous paraissait suffisamment ambiguë pour avoir l’apparence de l’abstraction géométrique, l'autre, plus lyrique, nous semblait de l'ordre du paysage. C’est dans la dialectique de ces deux propositions que nous avons voulu nous engager, étant de nouveau sur le “fil du rasoir”. Nous avons continué cette série au pistolet, donnant aux bandes de couleur une courbure à peine perceptible, n'utilisant que des pigments transparents, passés en glacis sans adjonction de blanc, celui seul de la toile renvoyant la lumière.

Les Sunsets parlent de couleurs, les Nuages sculptés dans le marbre, de formes. Tous deux éloignés de leur référent, ils laissent place à l'imaginaire, et tentent d'aborder ce que pourrait être aujourd'hui une peinture du paysage. Dans le catalogue de notre exposition Séries américaines, nous évoquions des travaux à venir : Une zone de partage du ciel. Six ans plus tard nous réalisons cette série de peintures La ligne de partage du ciel, nous référant à la ligne de partage des eaux, un panneau que l'on peut voir sur l'autoroute de Bourgogne, évoquant la jonction des deux canaux reliant l'océan atlantique et la mer méditerranée. Ces toiles sont peintes avec deux bleus très légèrement différents, séparés par une ligne blanche floue se rapprochant du centre.

Ces nouveaux travaux seront montrés à Paris à l'automne (galerie Cent8, Serge Le Borgne), l'exposition débutera par une œuvre en néon rouge Péter la forme. Une série d'aquarelles suns montrant un soleil - un détail prélevé d’une fresque de Fra Angelico au couvent San Marco - viendra s'inscrire dans la salle des Sunsets. Ces aquarelles identiques et cependant différentes dans leur intensité évoquent le processus photographique d'exposition à la lumière, le moment où l'image se révèle.

 

“S'il n'y avait dans l'œil quelque chose du soleil, jamais il ne le verrait”

Goethe cité par Aby Warburg.

 

septembre 2006

Amj + Ac

3

5